Initiative helvétique pour la souveraineté et la sécurité des données

La Suisse traverse un moment charnière dans la définition de sa souveraineté numérique, alors que le recours à des serveurs étrangers et à des fournisseurs cloud mondiaux met à l’épreuve son autonomie technologique. Le projet de cloud « souverain » de la Confédération, soutenu par un crédit de CHF 246,9 millions pour l’administration fédérale, illustre cette volonté d’enracinement local dans un contexte de dépendance accrue aux géants du numérique. Parallèlement, l’entreprise Helvétique Hidora a lancé “Hikube”, une plateforme de cloud multi-zone suisse avec réplication de données entre Genève, Gland et Lucerne, affirmant que les données ne quitteraient jamais le territoire national.

Sur le plan financier, le basculement vers des infrastructures nationales (ou du moins européennes) implique des investissements lourds en data centers, redondance, sécurité et maintenance. Mais le coût de ne pas le faire pourrait s’avérer encore plus élevé : en cas d’ingérence étrangère, de conflits juridiques ou de ruptures d’accès aux services critiques, l’impact pour les entreprises, les banques et l’administration pourrait être majeur. À titre d’exemple, Microsoft a récemment annoncé un investissement de 400 millions USD pour développer ses infrastructures cloud et IA en Suisse, démarche présentée comme un engagement pour la “données restent à l’intérieur des frontières helvétiques”. Toutefois, cette dépendance envers un acteur étranger soulève des questions de contrôle, de transparence et de possible dilution de l’autonomie suisse.

Les dérives possibles ne sont pas négligeables. D’abord, la souveraineté numérique peut se transformer en illusion : malgré des serveurs helvétiques, la Suisse reste dépendante des matériels, microprocesseurs, briques logicielles ou licences étrangères un point souligné dans les débats intellectuels, où la souveraineté totale est qualifiée de chimère. Ensuite, des lois controversées comme la proposition d’ordonner aux fournisseurs numériques (VPN, messageries sécurisées) de collecter des données d’utilisateur, de désactiver le chiffrement ou de conserver des logs pendant six mois, inquiètent les défenseurs de la vie privée. Certains fournisseurs, comme Proton, envisagent désormais de déplacer leur infrastructure hors de Suisse pour échapper à cette “incertitude légale”.

Sources : Swissinfo.ch | FintechNews.ch | Reuters | Dig.watch

Pourquoi c’est important : Le contrôle des serveurs et de l’hébergement local constitue un pilier de l’autonomie numérique, protégeant la Suisse des influences géopolitiques et garantissant la sécurité des données des citoyens, des entreprises et de l’État.

Auteur

Mr.Somanou Vincent
Mr.Kehil Thomas

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